Site Clunisien, Village de caractère, Ambierle ne manque pas d'attraits !
Situé à 18 km de Roanne, dans le nord du département de la Loire, la commune d'Ambierle doit sa renommée à son ensemble prioral.
La richesse du patrimoine historique d'Ambierle, directement liée à sa dépendance à l'abbaye de Cluny durant plus de 850 ans, a naturellement porté le village a proposé son inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l'Unesco, dans le cadre d'une candidature en série portée par la Fédération des sites clunisiens.

Le site prioral

• Le monastère

Une première mention d'un monastère à Ambierle a été relevé en 902.  En 1101, celui-ci est réduit à l'état de prieuré et entre sous l'autorité de l'Abbaye de Cluny et de saint Odon, son second abbé.  A cause de son couvent que l'on appelait vulgairement "le château" du fait de ses tours et de ses portes fermées, le bourg d'Ambierle fut pendant tout le Moyen Age l'un des centres les plus importants de la région, si bien qu'à la Révolution, il fut déclaré sans conteste chef-lieu de canton.
Le porche
Un porche abritait l'unique porte d'accès au prieuré, il  permettait aux religieux et aux personnes qui travaillaient pour eux d'accéder au monastère. A certains moments de l'année, les paroissiens pouvaient aussi y entrer pour assister aux offices.
D'ailleurs le prieuré a gardé son aspect d'ensemble jusqu'en 1882-83, année du percement d'une nouvelle route vers la commune de Saint- Bonnet-des-Quarts. Les fortifications ouest furent alors démolies.

• Les cours

L'ensemble prioral comporte deux cours remarquables :
- la cour Saint-Charles qui porte les traces des événements et des personnages qui ont marqué les lieux telles que les armes du prieur Antoine de Balzac d’Entraigues.
- la cour claustrale dont le cloître roman puis gothique a été en grande partie détruit par les incendies. Cette cour claustrale du XVIIIe siècle a profité d'un vaste chantier de rénovation entre 2014 et 2016.
Le bâtiment prioral fut bâti à la fin du XVIIIe. En longeant sa façade en direction de l'église on peut observer à la base, les restes de l'édifice de l'époque romane (XIe), sur lequel est construite l'église gothique. Ce bâtiment abrite aujourd'hui les locaux de la Mairie et des logements à l'étage

• L'église priorale Saint-Martin

L'église priorale surprend le visiteur par sa beauté épurée et l’unité de son style gothique flamboyant. Cette église, dédiée à St Martin de Tours, fut édifiée durant la seconde moitié du XVe siècle, sous le priorat d'Antoine de Balzac d'Entragues. Elle est classée monument historique depuis 1840.
La toiture polychrome de l'Eglise rappelle celle des Hospices de Beaune. Quant à son entrée, qui offre une vue plongeante sur celle-ci puisqu'il faut descendre des marches pour y accéder, est un élément fort. Elle donne un effet de vertige par la vision du "vaisseau" qui s'offre du haut du perron d'entrée et par les effets d'optique et architecturaux qui noyent l'arrivant dans la lumière. La majesté de cet édifice est illustrée par la lumière des vitraux du XVe qui joue avec la pierre jaune.
Le retable de la même époque, attribué à l'atelier Van der Veyden,  l'un des trois peintres de Philippe le Bon, finit de rehausser la splendeur de ce lieu aux allures de cathédrale. Le retable de la passion est sans aucun doute l'objet le plus précieux du Prieuré et aussi la preuve du rayonnement de celui-ci. Ce triptyque offert par Michel de Chaugy, seigneur des environs d'Ambierle, fut transporté depuis son logis de Beaune jusqu'à Ambierle et est depuis cinq siècles sur son lieu d'origine.  
Les stalles du chœur représentent, entre autres, un bestiaire médiéval (force du lion, fidélité du chien...), on voit aussi un homme sauvage mais fait rarissime dans l'histoire de l'art, il est accompagné, sur la stalle suivante, d'une femme sauvage tenant un enfant dans ses bras.

• Le centre bourg

Seule une vue aérienne permet de voir le curieux plan du village dont les maisons disposées concentriquement s'enroulent comme une coquille autour de l'enceinte priorale. Les vieilles ruelles Ferrachat, Saint-Vincent et Saint-Anne constituent la deuxième ceinture au-delà de laquelle sont implantées les demeures bourgeoises du XVIIIe siècle.
Deux églises ont un temps coexisté dans le bourg. De la fin du XVe siècle, jusqu'en 1667, l'église priorale servit d'église paroissiale. C'est à cette date que l'Eglise Saint-Nizier fut construite suite à un désaccord survenu entre le prieur et le curé de la paroisse. Cette église n'existe plus mais subsiste son clocher qui  sonne encore aujourd'hui l'appel à l'office pour l'Eglise Saint-Martin du prieuré.

La Madone

La Madone, statue monumentale de la Vierge placée sous le vocable de Notre-Dame du Bon-Secours, fut inaugurée en 1877, elle surplombe Ambierle et la plaine. C'est une ancienne position fortifiée de l'époque celtique. La tradition locale y place le campement de la XIe légion de Jules César, venue ici passer l’hiver après sa victoire à Alesia en 52 av. J.-C. La tourelle portant la statue est entourée de stèles formant un chemin de croix.
Le panorama depuis ce lieu est exceptionnel, depuis la Saône et Loire, au nord en passant par les monts du Lyonnais, au sud.

La Chapelle saint Symphorien

Cette chapelle, excentrée du bourg situé au lieu dit les Georges, est dédiée à saint Symphorien, premier martyr d'Autun. Placée sur un site antique (celtique et gallo-romain), c'est un lieu de culte nécessairement très ancien avec des traces d'inhumation au voisinage. Elle comprend un arc triomphal roman, mais a été reconstruite, plusieurs fois, notamment au XVIIe siècle, après une épidémie de peste et l'introduction du culte de saint Roch. Une copie de Vierge en majesté indique également un culte marial.
Une association fait vivre ce lieu : Les amis de la Chapelle de Saint-Symphorien.

Personnalités notoires

• Saint Odon (entre 878 et 882 - 942)

Il joua un rôle éminent dans le développement de l'ordre de Cluny. Il est reconnu saint par l'Église catholique. En 931 il obtient du pape Jean XI que l'abbaye de Cluny ait la même immunité que l'abbaye d'Aurillac, comme chef d'ordre dépendant directement du Saint-Siège. Il veille à pourvoir l'abbaye d'une bonne bibliothèque, d'une école et obtient le droit de battre monnaie16. Sa réputation de sainteté attire de nombreux moines dans l'abbaye, et de nombreux ermites autour. Il est appelé pour réformer d'autres monastères, parmi lesquels ceux de Saint-Paul-hors-les-Murs à Rome, et de Saint-Augustin à Pavie.

• Saint Odilon (1038 - 1131)

Supérieur immédiat à Ambierle mais aussi abbé supérieur de Cluny. Une fierté pour le village car il ne fut pas seulement un grand saint, mais une des gloires les plus éclatantes de Cluny et un des hommes les plus heureusement influents de son siècle.

• Jean de la Grange (vers 1325-1402)

Il  est né à Ambierle, au château de Pierrefitte, en 1325. Jean entre dans les ordres à l’abbaye de Cluny, il est donc un moine bénédictin clunisien. Il a fait une brillante carrière dans l’ordre de Cluny, étant prieur, abbé de Fécamp et même procureur de l’ordre de Cluny. Il est une figure d’importance nationale car, une fois devenu évêque d’Amiens, il fut un proche conseiller du roi Charles V le sage. Ensuite, il eut surtout un rôle européen : il fut créé cardinal et il fut un acteur de premier plan d’une des plus graves crises du catholicisme médiéval : le Grand Schisme d’Occident.

• Le prieur Antoine de Balzac d’Entraigues (     -1494)

Abbé-prieur d'Ambierle, abbé de Savigny puis Évêque de Valence et de Die.
Le nouvel évêque réside à Ambierle qu'il restaure et où il se retire en 1491. Il accueillera dans le prieuré le roi Charles VIII venu rencontrer le duc de Bourbon. Les travaux entrepris sous son commandement comportent  armes du prieur Antoine de Balzac.Sous son priorat est entrepris la restauration du prieuré, il y fera sculpter une centaine de fois le blason de sa famille.

• Jacques-Nicolas Colbert (1655-1707)

Fils du ministre Colbert, prieur commendataire et seigneur spirituel et temporel de la Charité-sur-Loire en 1665, d'Ambierle, de Saussure et de Saint Just de Troyes.  Il sera également nommé archevêque in partibus de Carthage (Tunisie) le 29 avril 1680.
Il a eu un rôle de portée nationale : le 21 juillet 1685, il a lu une harangue à Louis XIV au nom de l’Assemblée générale du clergé de France. Dans ce texte, il invitait le roi à une certaine douceur en faveur des protestants. En 1685, le contexte religieux entre catholiques et protestants était tendu et le 16 octobre 1685, Louis XIV promulgua la révocation de l’Edit de Nantes qui allait à l’encontre de la douceur demandée par Mgr Colbert et le clergé de France. Jacques-Nicolas Colbert était également conseiller et aumônier ordinaire du roi.

• Monseigneur Odin (1800-1870)

Le premier évêque du Texas est enterré dans l’église d'Ambierle. Monseigneur Jean-Marie Odin, né et mort à Ambierle (1800-1870) était missionnaire dans le Sud des Etats-Unis au XIXe siècle. Il a fondé le premier diocèse du Texas en 1847 et comprenait la totalité de cet état. Monseigneur Jean-Marie est devenu archevêque de la Nouvelle-Orléans en 1861.  Il a été témoin de la conquête de l’Ouest et de la guerre de Sécession.

• Jean Blanchard (1879-1914) et Francisque Durantet (1878-1914) - Les martyrs de Vingré

Les martyrs de Vingré d'Ambierle se nomment Jean Blanchard et Francisque Durantet. Ils furent fusillés pour l'exemple en 1914.
Le 27 novembre 1914, dans le secteur de Vingré dans l’Aisne, les Allemands pénètrèrent dans une tranchée de première ligne. L’attaque surprit  les hommes et le sous-lieutenant Paulaud donna l’ordre à la section de se replier dans une autre tranchée distante d’une cinquantaine de mètres. Le lieutenant Paupier, qui commandait la tranchée de résistance, commanda  alors aux hommes de reprendre leurs positions immédiatement, ce qu’ils firent. L’incident n’aura duré que quelques minutes mais leur vaudra une injuste condamnation à mort pour « abandon de poste ».
Francisque Durantet et Jean Blanchard étaient tous deux nés à Ambierle en 1878 et 1879, ils étaient cousins et tous deux mariés. Francisque était père de deux garçons.
Les deux hommes seront réhabilités en 1921.
La place à l'entrée du village se nomme en leur mémoire « Place des martyrs de Vingré ».

• Paul Roche-Ponthus (1919-2009)

Peintre né à Saint-Germain-au-Mont-d'Or. Après plusieurs années en Indochine, il intègre l'Ecole des beaux-arts de Paris de 1939 à 1944. Son travail se veut autant artistique que scientifique. Ses tableaux peuvent être considérés comme les jalons de cette recherche et sont construits au moyen d'éléments plastiques les plus simples : la surface, la ligne, le point. Il est exposé dans les années 1970 et 1980 au Musée d'art moderne de Saint-Étienne, au « Coin du miroir » à Dijon, au nouveau musée de Villeurbanne, à l'auditorium Maurice-Ravel de Lyon, au FRAC Rhône-Alpes,...
Il meurt à Ambierle à l'âge de 89 ans.